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Sculptures objectives 1994-1997 : sculpture

Sculpture objective n°2

Sculpture objective n° 2:

le Rasoir Philips 1950. 1995.

Contreplaqué, rasoir électrique, enduit. 190 x 22 X 18. Photographie couleur L50 x H75, radiographie H219 X L35,5.

 

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Du secret des oeuvres et pour le
faire transparaître grâce à la radiographie
Du même ordre: la radiographie des mes sculptures.

Faut -il être fou, mais la folie entraîne quand elle est douce.

Des gens sérieux: médecins, infirmières, opérateurs, tous autour. Les sculptures couchées dans la lumière bleutée de l'hôpital, au centre de radiographie, entre les malades aux visages graves sur leur chariot de patience et de continence, et les machines ronronnantes... Même un scanner! Pour la mâchoire que j'ai "ensculptée ", de ce cochon tué en janvier, et transformé en saucissons. Le lieu d'ici, perverti soudain, surréaliste peut-être, dadaïste! Dérisoire et formidable. Le bruit de cette action s'est répandu dans les couloirs, alors ils sont venus les uns, les unes après les autres, pour voir. Quoi ? Des sculptures ? Pourquoi des radiographies ?... Ah, il y a quelque chose à l'intérieur! Voilà, une rencontre de la science et de l'art! De l'humour... Du concept... Quelque chose qui attrape au vol, l'attention, la surprise, l'émoi. Savoir, ne pas savoir... A quoi ça sert de voir le dedans du dedans, la chair du silence ou de l'inconnu livré. Comme pour l'échographie de ma fille, elle, pas encore dans l'air, dans l'espace du monde, que je vois se mouvoir comme virtuelle et pourtant vive, dans l'à-naître. Pareil.. Mais l'art est une comédie, une tragédie parfois. Je partage le parfois dans mon sang, quand l'humeur me trouble. Parfois je sens le tragique, presque rien, une largeur d'ongle. Je suis en prison de moi-même, dans l'atelier, le sang se répand, sur chaque mur avec les nouvelles des brûlures du monde, à la radio, avec les paroles, les discours, le verbe. La douleur et la faim, tous les autres victimes de mon silence inavoué. De ma lâcheté... C'est la tragédie dont je suis le centre coupable. Petites choses contradictoires et vaines que je fais... Petites choses hors l'avenir. Face au grand monde si difficile à atteindre.

Parfois je sens le comique de la situation d'artiste, et de bon coeur je place au centre de l'art le dérisoire et le commun, comme un emblème, et j'en fait des rangées de champignons, sur l'humus de mon sol ou du sol en tout lieu du monde où exposer!. Appelez ça l'art. Aujourd'hui nous avons dénoué la beauté. Et le corps flotte à l'air sans ses parures. Sans ses voiles. M'accusera t-on de tricher avec le langage de la plasticité et du sens. Etre avec le soucis de la franchise, pareil à Picasso qui découpe et déstructure le sens de son modèle pour montrer qu'il n'est pas dupe... Que la loi, il peut la faire, entre ses coups de pinceaux et l'imposer comme une victoire sur le convenable, l'inconnu. Et chaque peinture est reçue en coup de poing sur la vérité. Le monde s'invente, s'invente et livre l'ouvert et nous envahit par tout ce flot de forces en rétention. Voilà encore du philosophique... Je suis dans le comique!

Pourtant, ça se tient toutes ces sculptures ! Elles finissent par creuser leurs fondations. Elles dressent le mur qui leur donne un bout d'espace et de vie. Un endroit tranquille entre ici et là-bas. Il le faut bien. Ce par quoi je suis artiste de ce temps d'aujourd'hui, contemporain. Et j'assemble des raisons avec moi, dans le sillage de ma bave d'escargot, qui me suit partout, avec mes rêves. Une espèce de grandeur... Mais, qui se penche sur moi pour m'éclairer de son vocabulaire de spécialiste? Sa science de l'art ? Finir par dire: << Il a raison, il est là pour nous donner conscience nous faire entendre les éclats du temps, de la mer et du vent, et des arbres qui craquent, et des saisons qui passent et de ce qui nous enracine dans ce qui nous précède bien avant. Là-bas, par dessus les yeux, et qu'on cherche de partout, entre les vieilles choses, les écritures et les peinturlures, et les architectures. Comme on scrute, la corne des choses, en les grattant, pour sentir l'aspérité du "si vrai encore", de ce qu'on nous a recommandé d'y voir tout au fond et de comment y croire. Comme un revenant qui clame le bien fondé de l'antériorité d'où il fut. Alors, je veux sentir ces choses pour croire que j'y suis parvenu à cette connaissance à mon tour, que je suis avec lui de son temps de son lieu, avec son soleil, ses femmes et ses enfants. Alors...>>

MARC CHOPY
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Isère, Auvergne-Rhône-Alpes, France
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