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Sculptures objectives 1994-1997 : dessin

Sculpture objective n°19 bis

Sculpture objective n° 19 bis:

"Tu ne téteras pas" 1995. Un dessin : pastel à la cire sur papier marouflé sur bois de 80 x 110.

 

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De la vérité des oeuvres ou de ce que Duchamp appelle « le coefficient
d'art »


L'effort de vérité� se fait sur les oeuvres . Tous les textes adjoints ne sont que des enluminures. Il existe entre les oeuvres un ensemble d'éléments réels qui forment l'ossature d'un travail. Recherches, interrogations difficultés de tous ordres, doute, jubilation, désespoir, malaise... Souvent il est fait silence sur eux. Au fond le propos littéraire est un encombrement qui parasite la recherche de vérité. Comme si l'essence du mythe faisait dévier le projecteur porté sur l'acte de création. Il faudrait une grande simplicité ainsi qu'une clarté souveraine pour parler de la vraie circonvolution de la création. Il se crée des vides entre les étapes de réalisation des oeuvres, qu'une convenance de rationalité nous fait emplir d'une touffe d'explications vaines ou presque. Il s'agit de ramifications où la pensée et les formes s'articulent sans avoir de logique véritablement préétablies. Le fait de sentir (pressentir, ressentir) la justesse des propositions plastiques est la seule certitude de création en ce qui concerne l'art.
Ce qui vient au "voir" pour l'artiste est le résultat d'une longue suite de non-dits qui passent comme une corde à travers sa vie. Ensuite les mots d'auteurs, les phrases "je cherche pas je trouve !", viennent occulter le beau désordre du réel. C'est lui le grand ordonnateur le conducteur des phases.

Il faudrait le courage d'entrer dans la simple énumération des actions et des pensées qui amènent au terme d'un travail. Pouvoir cerner l'essence du "faire". L'oeuvre est autant le fruit de hasards heureux et consentis que d'une exigence laborieuse menée avec une foi militante. La fin du livre autour des pièces est le constat de ce qui a été. Une exposition révèle les ombres et la distance des significations entre les oeuvres. On y voit mieux ensuite. Il n'y a pas d'existence des oeuvres sans la transmission à un public. Sur la surface des intentions se glisse la matière fluide des réalités. Elle seule est l'enveloppe de consistance des oeuvres.

A Barcelone lors de mon exposition des "sculptures objectives" à l'Institut Français, les ramifications entre sculptures, photos, radiographies se sont instaurées. Ce travail sur le doute m'est apparu avec clarté, doute sur la fonction de la sculpture, doute sur que voit-on ? doute sur que croire ?, doute même sur l'art et ses formes. Et le moyen de l'esthétique est là en quelque sorte pour lessiver mes appréhensions, par une certaine façon de donner forme aux objets, de les enduire de les rendre convainquant, présentables au devenir. Mais ce n'est qu'une façade un peu sèche, les radiographies nous ramènent à ma drôle de tragédie. En nous montrant les dessous de mon art, son ossuaire d'objets et de clous en nous démontrant alors toute la vanité de mon entreprise. Et ce texte est la part absente de l'espace qui s'organise entre les sculptures les photos et les radios. C'est la trame de ce travail, l'écriture indispensable, les mots auxquels parlent les objets auxquels les sculptures s'accrochent pour éviter le simple délire.


Marc Chopy 1994/1996

MARC CHOPY
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Isère, Auvergne-Rhône-Alpes, France
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