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Basculeurs Universels 1993-2010 : oeuvre au sol

Basculeur Universel intégral en 2,5 D

BASCULEUR UNIVERSEL INTÉGRAL en 2.5 D.
"voir avec ses pieds"

J'ai réalisé quatre oeuvres pour le sol. La première à été déterminée par une commande publique, elle est en pierre, à l'extérieur, sur une surface de mille deux cent mètres carrés, dans une cour ronde. Si elle est conçue sur le principe du tableau en perspective, avec un point de vue presque impossible à retrouver, elle n'offre pas moins le désir de la déambulation et de l'arpentage afin de voir et de provoquer l'infinité des mouvements des formes que le regard lié à la marche peut susciter.


La deuxième créée pour une galerie, sera éphémère, le temps de son exposition, maintenant elle demeure secrète sous une seconde couche de linoléum qui la masque, d'une certaine manière on continue de la fréquenter mais dans l'invisible. Cette oeuvre, se confrontait à de grands murs blancs, purs, elle se trouvait immédiatement sous les pieds, une fois la porte poussée dès l'entrée dans la salle allongée de la galerie, on pouvait éventuellement ne pas la voir, trop préoccupé à chercher des oeuvres sur les murs, où rien ne se montrait et par le passage brutal de l'extérieur à l'intérieur.


La troisième est une petite pièce de quelques mètres de surface, un minuscule territoire nommé BUS "Basculeur Universel pour le Sol", quand on le voit on est enclin à en faire le tour, comme on tourne autour d'une sculpture pour en frôler la vérité, pourtant la consigne est affichée qu'on peut si on le souhaite marcher sur cette oeuvre pour éprouver les desseins de l'illusion qu'elle contient. Mais la fréquentation des oeuvres d'art nous refrène dans cette action d'arpentage, parce qu'un interdit pèse sur nous, nous obligeant à cette ronde en périphérie du basculeur.


La quatrième est celle conçue pour le Musée d'Allard. Je l'ai imaginée comme "une boîte pour peinture", à découvrir à l'aurée d'une porte. Intégrant le travail des différentes pièces pré-citées mais aussi pour en combler les manques.
Il y a une oeuvre par terre qui couvre la totalité de l'aire de la boîte, mais les murs ne sont pas vides ils comportent des peintures de nature identique aux représentations du sol et inaugurent la continuité de l'espace de celui-ci, soit pour le déjouer et le contrarier, soit pour le prolonger vers des confins sans limites, et le démultiplier.


Je pourrais dire qu'avec cette pièce (dans les deux sens du mot) on entre dans la peinture, comme on entre dans la danse. Cette propriété et cette caractéristique de mes oeuvres se confirment à chaque nouvelle création. Le rapport du spectateur avec ce qu'il perçoit du sol et sur le sol, doit se comprendre comme un itinéraire vers l'aboutissement de la vue, à l'image du promeneur qui cherche par son cheminement à parvenir au meilleur point de vue sur un paysage, afin d'en mesurer l'ampleur et par cet acte se situer physiquement dans le monde, en réaffirmer l'unité qui les assemble.

Oeuvre de Marc Chopy
J'ai réalisé cette oeuvre dans mon atelier en marqueterie de linoléum, mais je me suis soucié de sa conservation, en visant la probabilité d'un réemploi, aussi les surfaces de lino sont marouflées sur un contre-plaqué léger qu'on peut facilement réinstaller entre des murs, sans détruire cette oeuvre. Durant tout ce temps de la fabrication j'ai travaillé à genoux et pieds nus sur la pièce, j'ai rapidement constaté que le fond gris bleuté prenait toutes les salissures de poussières, traces diverses, empreintes de semelles, qui perturbaient alors l'illusion de la profondeur, en introduisant un film de réalité sur cet surface totalement livré à l'imaginaire de l'espace.


Ce rapport intime des pieds nus sur le sol en linoléum est quelque chose qui a à voir avec l'intimité de notre regard, et avec la concentration de notre esprit. Le contact

Oeuvre de Marc Chopy

sensuel du sol nous fait voir avec les pieds, nous libère de l'indifférence des semelles nous rend plus apte à pénétrer le jeu mis en mouvement dans cette oeuvre, d'autant plus que le linoléum est une matière naturelle qui reflète la chaleur de la plante du pied. Les jeux de la perspective changent notre rapport à la perception de l'espace et nous invitent à danser notre vision, ce territoire c'est celui du tapis de danse dont le plan des déplacements est proposé par la réalité du sol et de ses basculeurs. Le surcroît d'attention qu'on accorde au regard une fois les pieds déchaussés nous ouvre de multiples points de vues que suggèrent le rapport des oeuvres, des murs au sol, et crée les chemins qui nous conduisent vers la recherche de l'horizon des formes perçues.

 

C'est un lieu où on peut se perdre à regarder cette " virtualité matérielle" et dont le vecteur est notre corps, le corps de chacun, simplement, habitant le tableau et le silence énigmatique de l'art.
Une des conséquence de ce rapport au lieu est la presque nécessaire solitude de la vision et de la promenade, puisqu'on se trouve dans l'espace du tableau.
Alors pour se dégager des obturations de la perception, je vous invite à faire l'expérience d'une visite de cette oeuvre, les pieds déchaussés et peu nombreux, et de sentir comme les pieds regardent, cette pièce toute de vision et vouée à la dématérialisation et à la transformation de l'espace.


Marc Chopy le 8 août 2004

 

 

En dépôt, Musée d'Allard, Montbrison.

MARC CHOPY
193 route du stade 38270 REVEL-TOURDAN
Isère, Auvergne-Rhône-Alpes, France
Téléphone: 06 41 88 12 21
contact@marc-chopy.fr